Concert
Matsutake
jazztronica/ambient/noise
Peine perdue. Ne cherchez pas qui porte le chapeau sous ce nom de champignon.
Matsutake a la corolle collective. Sa musique se compose et recompose à plusieurs. On pose les bases, on jamme dessus et on avise ensuite. Démocratie directe dans ses influences comme dans ses tiraillements. Pour les premières, prenez la moitié du quartet. Soit deux-tiers du Zerolex trio. Côme Rothé et Jérémy Vieille en ont rapporté cette façon organique et sensitive de composer les ambiances comme les mélodies. Mais là, les deux comparses flirtent bon teint avec l’ambiant et l’expé. Rien d’inquiétant. Ce qui est expérimenté là, c’est une forme sonore qui vous embrasse avec le plat de la main. Manuelle, la musique de Matsutake ? Oui. Par sa rythmique d’abord. Confiées à deux humains qui mettent la main à la pâte des arrangements. Anthony Pergaud, à la basse (Ici dix-sept), et Paul L’Hôte à la batterie (Osmosis) manigancent ce qu’il faut de cadre pour que le son du 4-pack avance sans trembler.
Ce qui rend cette musique manuelle se tient aussi dans ses bordures, dans ses cadres. C’est les tiraillements. Et c’est la main qui travaille. À la récolte des matières en compagnie d’ethnologues. Au son, ensuite. Au son mais surtout au sens. Commun le sens, en quelque sorte. Pas frontal mais par la face sensible, en-deçà de ce qui est mis à votre oreille, de ce qui fait chœur, écouter La Main. Prenez les autres titres. Ruptures, Sabotage ou Ce qu’il reste du monde poétisent autant qu’ils politisent. Matsutake s’est élevé sur les terres fouriéristes. Pas un hasard, mais une volonté, généreuse et fraternelle, une volonté évidente, à bien regarder les musiciens engagés dans ce groupe. Entêtés et terriblement portés sur le fraternel. À ce sujet, vraiment, ne cherchez pas plus longtemps. Ce champignon nouveau se pose sur le haut du panier. Sans peine.
Texte : Guillaume Malvoisin / PointBreak.fr