Concert de soutien au Bloc

Comment ça improvise des musiciens ? Comment ça se forme un groupe qui n’existait pas 2 heures avant le concert ? Réponse en 3 têtes de pont de l’impro, en 3 chercheurs de groove impénitents, en 3 faiseurs de cabrioles mélodiques hors-pair. Tous descendants, plus ou moins direct, d’une époque bénie. Celle du bouillonnement d’esprits forts, d’esprits malins et d’une puissance d’invention que le seul mot “prodige” ne suffirait pas à résumer. C’est la période dite de l’Underground français. Le free jazz y côtoyait le rock, l’expérimentation maniait l’humour comme l’exigence, la politique s’invitait à la table d’harmonie. Aujourd’hui, sans doute tout est un peu cloisonné, malgré les efforts d’un président pour unifier les luttes. Aujourd’hui en tout cas, il y a autre chose en jeu, avec ce trio. C’est la force poétique de la musique qu’ils sont capables d’inventer sur le fil et sur le vif. Ben Kilian, batteur dijonno-alentour, flibustier de la grosse caisse et du vin nature. benjamin Duboc, contrebassiste parfait dont le toucher a la finesse inverse de sa carrure de pilier. Sylvain Kassan, clarinettiste historico-frenchy qui a pu faire une belle part des très riches heures de la musique libre en France, en collectif comme en solo. Les 2 derniers jouent depuis longtemps ensemble et rejouent ici leur musique, spectrale, douce dans l’infiniment petit, et d’une complexité délicate, en invitant le premier à venir frapper tambours dans ces structures sensibles. C’est donc un trio très beau, c’est un combo très libre, donc parfaitement réjouissant.

Premier concert de soutien au Bloc, malmené dans les remous de la budgétisation culturelle actuelle mais tout à fait écouté, guetté et très vaillant.